Les tribulations d'Éric Dubois.

POEMES DE JEUNESSE

22 Février 2011, 14:36pm

Publié par ERIC DUBOIS

Elle a retiré la poupée

de sa garde-robe

au dessin roues de citron

pour fructifier

ses amours secondaires

un ticket jaune pour cela

et elle a détaché le cordon ombilical de ses poignets

et de ses cornets inaudibles.

 

 

***

 

 

 

 

L'eau propose un secret un secret ment un objet

un objet se crispe dans mes doigts qui se tournent

sur les murs n'est plus rien qu'une ombre

ça se cloue celui qui se pend les pleurs

poussent sur les champignons comme les yeux

d'un visage les nuages se balancent

sur le fil d'horizon

 

 

 

***

 

 

 

A-t-il conscience de la vacuité de se perdre

avec la perche aux étoiles

dans le blanc des yeux fait front

une immortelle négligée ?

 

 

 

***

 

 

Les coudées franches du brun

soleil réunissent des noeuds

coulants d'ortie fraîche

la laie au museau de trottoir

provoque le rouge du sang aux lèvres

et le maxillaire droit de l'ovaire éclate

en cent prés-salés

et mon coeur cesse de battre ce sang qui efface

à rebours les saules d'une panne générale

le tablier de mes parties catalyse

au centuple le temps gris

 

 

 

 

***

 

 

Ils dégustent des cratères culinaires

grâce à leurs sylllabes prononcées

qui agissent comme l'érosion

d'un je t'aime au fond d'une bouche

près d'un radiateur dentaire

et près le couvercle de la langue

ils jettent leurs économies

leur lumière paralytique

et leurs jouets qui ont des larmes-rosée aux yeux

ils s'appellent les débauchés du silence

 

 

 

***

 

 

Il a fallu que mon corps

investi par la crainte

brûle les dernières étapes de sa vie

que mon corps l'étranger

remue ses propres sillons de chair

au milieu de ses chers souvenirs

de chair la chair qui porte

l'empreinte d'une blessure une plaie

à peine gommée

à peine effacée

par la craie des déserts vides

il a fallu que l'eau qui coule

sans cesse dans ma bouche

déborde de son lit

il a fallu que mes ombres

me quittent pour un autre départ

pour que je meure à compte-goutte

en dénombrant

mes pierres à ricochet sur le miroir

du fleuve isolé de ses ténèbres

en imitant le cri de l'oiseau

dont les plombs

du chasseur

ont découpé une aile minuscule

sur les flancs

un point de sang

sur la blancheur

qui décroît

 

 

 

 

 

 

 

Extraits de "Le vertige des abîmes où le fil de la mémoire nous étrangle"

Inédit, Juin 1983

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ERIC DUBOIS

 

 

 

 

 

 

 

 

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