LE CANAL
Quitter ce port d’attache comme si l’on pouvait attacher lier ses souvenirs
Oublier le canal oublier les mariniers qui marinent et le fleuve n’est pas loin
Je ne sais mais la vie a un goût de mort inexacte un goût de mort violente
Ecarte tes cuisses la Marie des mariniers et fais gicler ton miel tes liquidités
En gouffre-moi dans ton sexe agile fille des ombres fille de Belleville
Le canal a un goût de mort inexacte un goût de mort violente
Pousse-moi du coude secoue-moi au milieu de ma vie au milieu de nulle part
Près d’un canal au postulat anonyme quitter ce port d’attache comme si l’on
Pouvait attacher lier ses souvenirs oublier le canal oublier les mariniers qui
Marinent et le fleuve n’est pas loin je ne sais mais la vie a un goût de mort
Inexacte un goût de mort violente de cuisses de gouffre
Quitter ce port d’attache comme si l’on pouvait inhumer des souvenirs
Dans la lisière du néant ô Seigneur qui saigne sur la croix j’ai ce goût du néant
Dans le dedans écoutez la folle complainte Ecoutez la chanson de l’eau et de l’osier
Du panier de fruit et de la tommette fraîche sous les pieds
Quitter ce port d’attache comme si l’on pouvait s’extraire de sa naissance de sa latitude
Quitter ce port quitter
ERIC DUBOIS
Extrait de "Le canal" Editions Le Manuscrit