TEXTES INEDITS DE FABRICE MARZUOLO
Le poète de mille ans
J’ai mis le costume du dimanche
je m’assois devant le bonheur-du-jour
pose ma plume sur la feuille blanche
et je sens vibrer mes frêles épaules
j’écris qu’il faut vivre
aussitôt de ce crâne dur
montent les sarcasmes
j’écris qu’il faut vivre
et des joyeux frappent leurs tambours ouverts
assourdissent le calice timide des fleurs
en perdition sous les rires
j’écris qu’il faut vivre
et dans mon dos je sens des yeux
qui pleurent comme des cœurs
qui ne battent plus
Ma vie de non bohème
Je n’aime ni n’aime pas
je passe
ma vie n’est que la tentative
du saut au-dessus de ma carcasse
j’aurais dû tenir un emploi
tranquille
dans un village dépeuplé
garde-barrière
d’un passage à niveau abandonné
un abri de l’eau du pain
cela m’aurait suffit
ou le bol de soupe
qu’on distribue aux malades
plutôt que de jouer les bien-portants
durant cette vie
qui tue petit à petit
Salive au pays des horreurs
Les paroles sont postillons
jets de bave malodorants
elles viennent du fond
se mêlent à des particules alimentaires
bouts d’andouillettes rognons
ou quand elles sont de l’air
à de l’air mais jamais pur
j’en trouve des traces sur ma peau
sur les vêtements
leur caca partout
collé sur les murs les sols
les plafonds qui volent bas
FABRICE MARZUOLO
Né en Lorraine, il vit nulle part, travaille à Paris.
Poésies publiées récemment dans les revues Décharge, Florilège, Traction Brabant et Verso, Nouveaux Délits, Revue Gros Textes
Un recueil de poésie dans la collection Polder La diligence ne passe pas avec les aboiements.
Un texte court, l’ombre, paru dans la Nouvelle Revue Moderne.
Une nouvelle dans une anthologie « pas de travail qui vaille », éditions Atelier du Gué