Les tribulations d'Éric Dubois.

TEXTE DE GWEN DENIEUL- LES VASES COMMUNICANTS D'OCTOBRE 2013

3 Octobre 2013, 21:00pm

Publié par ERIC DUBOIS

 

Ce mois-ci , dans le cadre des Vases Communicants , le blog "Les tribulations d'Eric Dubois " accueille un texte de Gwen Denieul  ( merci à lui ).

 

 

 

 

À Paris sans le sou, Léo jouait au poète maudit. Il sentait le poids de son corps qui se sédentarisait. Alors il remplissait ses poumons d’air et de lumière dans de grandes explorations de la capitale. Léo se souvenait de cette histoire de l’alchimiste capable de produire de l’or dans un extrême dénuement. Ses outils alchimiques tenaient dans sa poche, paraît-il. Dans son minuscule atelier, l’alchimiste cherchait des équations élégantes pour ne plus avoir à travailler. Il imaginait plonger ses mains gantées dans l’horreur de la connaissance. Comment est-ce que je peux survivre sans me trahir ? se demandait Léo, comment imaginer entrer en résistance alors que je reste planqué dans mon minuscule atelier ? Il regardait dans le rétroviseur. Il y a un an à peine, Sarah avait accepté de le suivre pour partir voyager au-delà des balises occidentales. À l’époque ils s’étaient promis l’un l’autre de ne jamais faire marche arrière. On avait la même attente, se dit maintenant Léo. Le désert nous attirait. Les routes blanches, c’est évident, n’attendaient que nous. On désirait la rareté et l’isolement. « On va pas devenir nihilistes dans ce monde nihiliste », tu disais. Personne autour de nous n’osait franchir le pas. On voulait se prouver que notre volonté était plus forte que la leur, notre refus plus radical. On rêvait de s’expulser de la matrice sociale et se mettre enfin à nu. Retirer pelure après pelure les histoires qu’on s’était raconté sur nous et sur les autres jusqu’ici.

Sarah et Léo avaient réussi à sortir du sillon pendant huit mois, mais ça n’avait pas duré plus. Vivre au jour le jour remplissait maintenant Léo d’angoisse. Il avait du mal à respirer. On a encore un peu de thunes, de quoi profiter un peu de la vie, mais je n’ai plus le courage de reprendre mon barda pour filer à l’horizon. Plus le courage de repartir sur les routes et m’exclure encore un peu plus du mouvement. Il faut être un authentique réfractaire pour échapper au système de façon définitive. N’est pas gitan qui veut.

 

 

GWEN DENIEUL

 

 

 

Gwen Denieul est né à Saint-Brieuc en 1973. Vingt ans plus tard, il ressuscite dans un centre commercial en Allemagne, en lisant Tropique du Capricorne d’Henry Miller. En 2004, il publie son premier livre : Toute sortie est définitive.

On peut le suivre sur son blog embrasure, sur Twitter : @GwenDenieul et sur La Revue des Ressources.



Vous trouverez sur le blog de Gwen Denieul  "embrasure"   : 

 

un texte d'Eric Dubois ( à la date du 3-4 Octobre  2013 ) dans le cadre des Vases Communicants d'Octobre  2013  .

 

 

 

Lire le texte ici .

 

 

Plus d'infos sur les Vases communicants :


 

 

 

 

 

http://www.liminaire.fr/spip.php?article1148

 


 

La listes des blogs participant aux Vases Communicants d'Octobre 2013 :

 


 

 

 

 

 

 

 

  http://rendezvousdesvases.blogs  

 

 

 

 

 

PRINCIPE DES VASES COMMUNICANTS :

 

 

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« …pourquoi ne pas imaginer, le 1er vendredi de chaque mois, une sorte d’échange généralisé, chacun écrivant chez un autre ? Suis sûr qu’on y découvrirait des nouveaux sites… ».( François Bon)



 C'est le principe des vases communicants, un texte de l'un chez l'autre, un texte de l'autre chez l'un.
Les premiers auteurs à l'avoir fait sont François Bon avec son blog Tiers Livre et Jérôme Denis du blog Scriptopolis.



 

 

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