PORTRAIT DE GROUPE EN POESIE- EDITIONS BOD- ARTICLE DE BEATRICE MACHET

21 Mai 2010, 14:20pm

Publié par ERIC DUBOIS

Portrait mais plutôt mouillage au port de Marseille. Un groupe d’auteurs, de peintres, d’amateurs et lecteurs de poésie. Portrait mais plutôt mosaïque, fragments assemblés, textes explicatifs, commentatifs, commémoratifs, témoignages d’une histoire vieille de dix ans faite d’initiatives variées tournées vers le partage, tentant de mailler du lien et du sens sous le signe de la co-incidence. Partage entre scripteurs de l’expérience d’écrire, de créer, partage avec les auditeurs de la poésie telle que pratiquée, en chorus, en rebonds ou en solo par les individus ou le groupe.

Sept clés pour ouvrir la porte plus le texte fondateur ainsi que les propos de Dominique Sorrente ( à l’origine et cocher de l’attelage) dans son entretien avec Marien Guillé, font prendre conscience de l’envergure de l’entreprise, son ambition, Elle dit le besoin, la nécessité de l’ouverture au collectif pour équilibrer les parcours solitaires des uns et des autres. Aller à la rencontre de l’écriture de chacun et de tous, s’en trouver stimulé, interrogé, encouragé, remis en question, mais aussi pour s’épauler « hors les murs », faire du vallon des Auffes le tremplin pour d’autres voyages en poésie, pour des jumelages, pour des échanges avec d’autres poètes et en d’autres lieux sur la planète.

Le cœur de l’ouvrage est conçu comme une anthologie. : dix neuf auteurs de la constellation du scriptorium ; leurs textes montrent bien la diversité des voix, des tons, des styles, des approches, et des pratiques de la poésie. De l’aphoristique en passant par le dépouillé, du très lyrique, du rimé à une forme éclatée, de l’univers Amérindien à une retraite dans un monastère Bénédictin, de sous les ponts de chemin de fer à la place de la vertu, du jardin d’Eden à Pistoiä en passant par New York, de Java en Alger, les poèmes et les proses savent faire chœur et à l’unisson lancer leurs questionnements universels. Les différents langages traduisent les diverses sensibilités mais chaque auteur affirme la poésie au centre du vivre. Habiter en poète c’est faire acte d’être au monde. Là-dessus ils en sont tous d’accord. Tous : Jeanine Anziani, Olivier Bastide, Jean-Marie Berthier, Geneviève Bertrand, Rosalind Brackenburry, Valérie Brantôme ( qui est aussi notre webmaster), Laurent Xavier Cabrol, Emmanuel Dall’ Aglio, François D’Alençon, Françoise Donnadieu, Patrick Druinot, Michèle Dujardin, Paolo Fabrizio Iacuzzi , Geneviève Liautard, Marcel Migozzi, Angèle Paoli( voir le site Terres de femmes), Colette Papilleau, Nicolas Rouzet, Martiel Teboul, André Ughetto, Laurence Verrey, Daniel Vincent et moi-même plus le regretté Jacques Phoebé, le musicien chanteur Gontran Marie et les déjà cités Dominique Sorrente et Marien Guillé.

Ils ont tout juste passé la vingtaine d’années ou bien ont l’âge d’être grands-parents, qu’importe et tant mieux, la valeur n’attend pas le nombre des années et les années n’empêchent pas l’esprit de rester aux avant-postes de la parole poétique.

L’aventure du scriptorium est unique, que le groupe se réunisse pour des intervalles, comprenez des chantiers où des défis sont lancés à l’écriture pour aborder des rivages que chacun ne serait pas venu visité sans le groupe, que le groupe organise des caravanes pour dire la poésie des cinq continents, que les échanges inter associations et les jumelages fonctionnent, on voit bien là dépensée une belle énergie et l’élan enthousiaste propice à ce genre de réalisation. Un vent d’utopie souffle sur Marseille depuis des millénaires et les poètes savent lui faire gonfler leurs voiles, dériver leurs feuilles rassemblées jusque dans ce livre, deux cent cinquante pages pour respirer l’air du grand large poétique.

BEATRICE MACHET