POEMES
Les mouvements
dans les mouvements
à l'ensemble
Les jours jouxtant les nuits
l'oeil acéré par les limbes
Pourquoi ces cris et ces tremblements ?
L'heure est à la venue du monde
à la naissance de l'univers
La clé est derrière la porte
le hasard est un Vénérable
Les mots dessinent des paysages
les temps morts suspendent l'élan
Chaque pas détermine la route
les obstacles et les rencontres
Novembre 2012
***
Pourquoi la formule?
Dans l'éblouissement de l'écho
à quelques pas du silence
Sans que l'esprit en cherche
le chemin
Pourquoi l'espace?
Les yeux qui s'attardent
sur les étoiles
Comme on pose une main
sur une table pour pouvoir parler
Toutes ces questions
semblent valider l'anonyme
Quand le langage tourne sur lui-même
toupie des sens dans l'axe des mots
On interroge toujours quelqu'un
pour quelque chose
Les murs blancs de la parole
ceignent toujours les éclats de voix
Dans le sang des murmures
Décembre 2012
***
Le ciel dans les mains
plonge
Dans la langue
temporise
Quand le sens exalte
Il faut chasser la brume
et l'obscurité
Tenir la parole
Retenir à soi
toute résistance
Les mots sont les
abeilles
Dont la ruche
est le langage
Janvier 2013
***
Il y a le partage du sel
dans la brisure
Le silence du dire
et le vide qui prépare
Chaque défi est un proverbe
une habitude
Le nombre
On range l'instant
dans des tiroirs secrets
L'inertie dans l'ordre
des choses
On se souvient de la poussière
Février 2013
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La mémoire
tu t'en bats les couilles
Traînée ! Soleil !
Cache-misère!
Tu veux lui dire merde
une fois pour toutes
La mémoire a la schneck
qui travaille
Elle te pompe le dard
elle te tue
Dans le vocabulaire courant
c'est une chieuse
Tu partages
ses éclats ses écarts
Tu veux l'oublier
On ne défait pas
des liens inaltérables
On les invoque
Mars 2013
***
Nous transitons dans l'après-nuit
dans les plaintes de l'abat-jour
Avec les regard obscurs des oiseaux
l'invention du verbe et la sédimentation
Quelque chose de la cloche fêlée
perce la lumière chantre du possible
Un caillou intrus dans le fond
de la chaussure sur le trottoir
Nous dominons la vue le large spectre
il faut déplacer les pions
Et continuer à dire ce qui déjà a été dit
Avril 2013
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Loin des mots et loin des cicatrices
loin du ciel et près du feu
La peau nue semble trembler
sur les os
C'est de la chair remplie de sang
d'un mouvement lent
Ma bite pénètre lentement son trou
Elle est sans visage là c'est l'oubli
tandis que sa langue parle une langue sacrée
Elle est rupture
la peau parfumée de ma salive
Je ne vois pas ses yeux je vois sa peau luire
le sperme gicle l'émotion
Dans son fourreau de latex
brève rencontre prudente
Puis après débander
parler encore de la monotonie des jours
Mai 2013
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Nous sommes les poèmes du temps, les mots du ciel, les cris de la pluie, les silences du soleil, les larmes et les rires de l'orage.
Nous vivons des hypothèses et des sempiternelles questions. Nous sommes des pièges dans une histoire à écrire toujours.
Je suis le poème qu'on oublie.
La soif du ciel est l'avatar suprême.
On parle toujours de quelque chose sans parfois en dire davantage. Les mots forment la réalité. La charpente du temps soutient le poids des pensées.
Navigue toujours à vue et n'épargne pas les récifs.
Chaque corps obéit au magnétisme des temps.
Le bruit du monde est pour mes oreilles une chanson familière.
La pierre du langage fonde le désir.
Le mot est peut-être une caméra.
L'oeil exercé sait avant tout.
Il y a quelque chose.
Il y a quelqu'un.
Les cendres remuées emplissent les voix seules. La trajectoire fait l'existence.
Novembre 2013
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Qui allume les bouches voraces?
le spectacle de la chute?
La mort anonyme?
l'écran remplit des vides
Le silence est arbitraire
et cherche son écho
Dans les icônes
et les représentations
Transition vers l'oubli
vers la vie ordinaire
La jeunesse se fige
image de l'éternité
Mai 2014
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Poète par essence. Toujours dire. Fuir le conformisme ambiant. Fuir et retrouver la vie. Ne pas accepter la fatalité du fait, l'obscurcissement.
Poète par présence. Toujours dire. Dire l'acceptation. Dire le refus. Le refus de toute obédience.
Le refus de tout dogmatisme qui prive l'homme de sa liberté.
Poète par refus. Refus des contingences du réel. Refus de la violence. Refus du diktat. Refus.
Poète sans " " et sans majuscule. Sans mise en avant ostentatoire.
Ecrivain plutôt que poète. Refus des étiquettes.
Ecrivant plutôt qu'écrivain.
Ecrivant.
Août 2014
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Toujours en marche
l'ordinaire se présente
Souffrance indicible
Perdre les pas
les tutoyer
Dans la précipitation des nuits
Il y a ce que le désir octroie
par l'ineffable
Effacement des amours
Août 2014
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Tout geste est précaire
dans l'impossibilité de comprendre
Toute issue est corde sensible
L'eau de la mémoire
se souvient
Quand la mort regarde droit
dans les yeux
Quant au silence sur la dune
il est principe du vent
Rêves des étoiles accrochés
aux maisons lentes
Les mouvements du monde
déplacent les épaules
Chaque déferlement précise
la pensée du geste
On n'est pas sorti de la nuit
Janvier 2015
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La vie est une blessure limpide. Amnésique poème.
Ah ! Réunir le monde dans un grand éclat d'être !
Et entendre Dieu dans les commissures des lèvres des femmes !
Je ne sais quel poème peut être l'étoile de ma vie.
Mots comme sortis du jour, mots qu'on balance dans l'arc des algorithmes . Le chant est le pont des esprits, la lueur vacillante des lunes.
Mots qui tétanisent les gestes et enrobent les parfums.
Mais la tristesse est toujours sœur des précipices.
La poésie fait le procès de la poésie. Langue des pierres, eau des tumultes, soleil de nacre, et serpent du miroir. Dans le calendrier des rêves et des angoisses.
Présence de l'indicible.
Présence du monde. Connexions du sensible. Toutes les bites et toutes les chattes dans les caniveaux.
Hurler sa soif intrépide ! Chanter son ardeur de sexe griffu, ses mains turgescentes, ses pieds
fourbus.
Tout le sperme des désirs, éjaculé !
Mai 2015
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Messe basse
uppercut
la basse
tonitruante
bile de joie
tonnerre
choisir le
bon son
la bonne
musique
tous les
miroirs
se valent
la carapace
du crabe
je suis né
deux fois
une fois
du ventre
de ma mère
une autre
fois
de l'HP
chante
le forçat
forcené
je suis mort
tant de fois
dit
le naufragé
involontaire
alors revient
la chanson
la basse continue
les paroles
on les oublie
toujours
seule compte
la mélodie
ma vie
est à laisser
ma mort
est à prendre
aimer
est une épidémie
mourir
un refuge
Mai 2016
ERIC DUBOIS
( Un échantillon de poèmes parus initialement dans la revue littéraire en ligne La Cause Littéraire )